La viande cellulaire
Depuis plusieurs années, des chercheurs ont exploré la possibilité de se passer de viande, produits laitiers ou œufs provenant de l’élevage voire de l’abattage d’animaux. La solution la plus exploitée aujourd’hui est le remplacement par des solutions végétales (algues, légumineuses, autres protéines végétales). Cependant, une idée encore plus avant-gardiste s’est développée depuis plus de 10 ans d’abord dans des laboratoires, puis au stade de la production alimentaire : la culture de viande cellulaire.
L’idée est de faire pousser des cellules pour constituer des tissus consommables ressemblant à de la « vraie viande ». Selon un article du Muséum d’Histoire Naturelle (sur leur site internet), déjà en 2013, le prix d’un steak artificiel était estimé à 250000 euros. Depuis, les technologies et le savoir-faire se sont grandement améliorés de même que la rentabilité de telles pratiques qui les rend concurrentielles.
En effet, le coût énergétique de la production de ces viandes, n’est pas le point le plus compétitif de ce procédé.
Dans ce cas, on part d’agrégats de cellules souches baignées dans un sérum supplémenté en facteurs de croissance et autres additifs nécessaires à la croissance cellulaire.
Bien entendu, certains parlent de « Frankenfood » (Frankenstein-Food) pour des aspects d’éthiques, et d’autres rétorquent que cela sera sans doute une solution inévitable dans les décennies à venir devant la pénurie globale de protéines et dans des situations ou l’espace pour en produire serait limité (missions spatiales par exemple, zone désertiques,..). Par ailleurs, les aspects du « bien-être animal » sont importants même pour des consommateurs qui ne sont ni végans ni végétariens.
Les freins réglementaires sont considérables. Certains pays ont déjà donné l’autorisation pour la commercialisation de tels produits (Singapour, Israël, Etats-Unis, et récemment le Royaume Uni).
En Europe, c’est plus compliqué. En 2023, l’Italie ses officiellement opposée à la commercialisation de viande cellulaire. De même, la France, l’Autriche et 9 autres pays européens se sont prononcés contre ces pratiques pour favoriser les « méthodes authentiques de production alimentaire ».
Quoi qu’il en soit, en Europe, le processus réglementaire veut qu’on fasse une demande d’autorisation « Novel Food » pour que la production et la commercialisation soit autorisée.
C’est, par exemple, le processus qu’a entamé la société Gourmey en France pour la production de foie gras de canard ou d’oie fabriqués par culture cellulaire Gourmey est la première société Européenne à déposer ce genre de demande en Europe. Science 2 Food n’a aucun lien avec cette société mais c’est intéressant de le signaler comme parfait exemple de cette nouvelle tendance qui se profile.